Soyons aimants, pas guerriers.
Dans notre culture et de nos jours, on vit en couple pour l’amour. Rares sont les cas dans lesquels on choisit son conjoint/sa conjointe pour des raisons économiques ou sociales. C’était tout à fait normal dans les anciennes générations, mais nous, nous voulons vivre avec quelqu’un parce que nous sommes amoureux/-se de lui/d’elle.
Il est important de nourrir cet amour afin d’éviter qu’il s’efface et qu’on ne reste un jour que « pour les enfants », parce qu’on est dépendant/e financièrement, parce qu’on craint le jugement de sa famille, …
Notre amour pour l’autre s’exprime entre autres par notre façon de communiquer avec lui/elle. En choisissant le sous-titre de cet article « soyons aimants, pas guerriers », je me suis inspirée du leitmotiv anglais « make love, not war » en interprétant « make love » comme la manière générale de traiter la personne qu’on aime.
Prenons notre temps pour effectuer des échanges et appliquons un ton bienveillant.
Passer du temps ensemble n’est pas évident de nos jours. On court entre bureau et crèche, entre supermarché et réunion parents.
Afin de passer du temps ensemble malgré toutes ces tâches à effectuer, il est utile de bloquer au moins deux créneaux fixes par mois – des créneaux uniquement pour le couple. Du temps qu’on va passer ensemble – sans les enfants s’il y en a. (Exemple : « un samedi sur deux, de 19h à 22h, on les amènera chez mamie pour aller discuter dans notre bar préféré. ») Il n’est pas constructif de passer ce rendez-vous avec son conjoint/sa conjointe devant la télé. Il vaudrait mieux parler de nos sentiments, de notre vécu intérieur – et non de la déclaration d’impôts sur les revenus ou des courses à faire. Du temps pour écouter aussi. Écouter l’autre, s’intéresser à lui/elle.
Dans la vie quotidienne, on pose à son conjoint/sa conjointe des questions comme « Où est-ce que tu as mis la clé pour la voiture ? » ou « Tu peux amener le petit chez le dentiste ce vendredi après-midi ? » Lors de notre temps à deux, nous pouvons poser des questions comme : « où est-ce que tu te vois dans dix ans ? » ou « qu’est-ce qui te manque dans ta vie ? » Exprimer notre vécu intérieur et écouter celui de la personne avec qui nous partageons notre vie renforce le lien entre nous. Cette façon de communiquer permet de rester un couple et pas seulement de gérer ensemble le quotidien.
Non seulement les sujets de l’échange sont importants mais également le ton que nous prenons envers l’autre. Rappelons-nous du début de notre relation. Nous écoutions attentivement et avec bienveillance. Quand nous flottions encore sur un nuage, notre ton était toujours aimant et correct.
Bien-sûr, une relation évolue. L’engouement se transforme en amour plus stable. Bien-sûr, si cela fait déjà un certain temps que nous sommes avec notre conjoint/e, nous ne lui parlons plus comme si nous étions encore follement amoureux/- se. Nous utilisons un ton un peu plus terre-à-terre reflétant la confiance mutuelle qui s’est construite au fil des années de vie commune. Néanmoins, nous trouverons plus facilement des expressions gentilles si nous nous rappelons de notre comportement au début de notre relation.
Un ton bienveillant et aimant signifie :
Nous ne nous moquons pas de l’autre. Nous ne le/la rabaissons pas. Nous ne le/la « punissons » pas en restant silencieux/-se. Nous évitons des phrases comme « ce n’est pas vrai ! », « tu mens ! », « c’est ta faute ! »
Comment faire en cas de conflit ?
Les discussions vives et les disputes sont inévitables dans un couple. Il est important d’éviter les blessures et les rabaissements lors des disputes. Ne transformons pas notre foyer en champ de bataille. En cas de conflit, nous souhaitons souvent « convaincre » l’autre de notre conviction que notre point de vue est juste. A nos yeux, l’autre a tort. Nous pensons pouvoir terminer le conflit en lui imposant notre façon de voir les choses. Nous voulons « gagner ».
Mais si nous faisons ainsi, nous sommes « en guerre ». Si l’un des deux s’impose et l’autre recule, il y aura un gagnant et un perdant. Le premier triomphera et le deuxième se sentira mal. Une telle situation n’est pas compatible avec l’amour. Il vaut mieux chercher des compromis. « J’exprime mon point de vue et j’écoute le tien. Cherchons un compromis. » Le compromis fait deux gagnants. Faisons équipe. « D’accord, nous avons un problème là. Mais également un objectif commun. Notre objectif commun est de résoudre ce problème. Travaillons ensemble pour atteindre cet objectif et non l’un contre l’autre. »
Prenons un exemple fictif.
Jaques : « je souhaite passer les vacances d’été chez mes parents à Paris. Ça fait si longtemps que je ne les ai plus vus. »
Jaqueline : « je souhaite passer des vacances d’aventure en pleine nature. J’ai besoin de voir autre chose qu’une grande ville. »
Si ce couple passe trois semaines à Paris ou en pleine nature, il y aura un gagnant et un perdant. La probabilité qu’ils passent des vacances vraiment harmonieuses ensemble est relativement faible…
Un compromis pourrait signifier : dix jours avec les (beaux-)parents, dix jours ailleurs. Ou : cette année Paris/la campagne et l’année prochaine l’autre lieu – c’est promis et on réservera dès que possible pour les prochaines vacances.
Des discussions du genre « j’en ai marre des histoires que ton père raconte chaque fois qu’on est chez lui ! » ou « les vacances d’aventure sont pour les ados ! » ne mènent à rien.
Dans cet objectif de communiquer de manière constructive, nous pouvons également nous poser la question « est-ce que je parlerais de cette façon-là à mon meilleur ami/ma meilleure amie ? » Si la réponse est « non », il vaut mieux changer la façon de communiquer avec son conjoint/sa conjointe. Ce que nous ne ferions jamais avec notre meilleure/e ami/e, ne le faisons pas avec la personne que nous aimons !
Mais que faire si nous sommes vraiment en colère ? Ou triste et déstabilisé/e ? Comment arriver à communiquer de manière constructive quand on a un tourbillon d’émotions dans son cœur (ou sa tête ?) ? Quand on est vraiment déçu/e de l’autre ?
On fait semblant ? Non.
Il est tout à fait possible d’exprimer ses émotions sans être agressif/-ve. Il est même important d’être authentique et d’informer son conjoint/sa conjointe de ses émotions.
On a le droit de dire : « ton comportement me met en colère. » « Tes propos me rendent triste. » En faisant ainsi, on décrit simplement ses émotions. Il ne s’agit pas d’une agression. On peut même dire : « si tu continues à ma parler sur ce ton, je quitterai la pièce. » Ce n’est pas une attaque non plus. C’est une explication qu’on va se protéger des blessures. (Une attaque serait : « si tu continues à me parler sur ce ton, moi aussi, je t’insulterai ».)
Nous exprimons clairement nos besoins, nous écoutons les besoins de l’autre, nous cherchons des compromis. Nous ne blessons pas, nous ne rabaissons pas. Nous ne disons pas des choses que nous n’aurions jamais dites au début de notre relation ou que nous ne dirions jamais à notre meilleur/e amie.
Communiquer de manière constructive n’est pas inné. Un/e thérapeute de couple pourrait éventuellement aider à l’apprendre. Un/e professionnel/le spécialisé/e dans ce domaine peut également donner des pistes dans les cas plus compliqués, par exemple quand l’un des deux refuse de communiquer (de manière constructive). »
Notre objectif est d’être heureux/-se avec la personne que nous aimons – et pas d’ « avoir raison », c’est-à-dire, de la vaincre.
Make love, not war.